Résultat des fouilles de Revogne
(PDF)
Par l'archéologue Ch. Frébutte SPW
Visite de Revogne (journée du
patrimoine)
Reportage
Incendie à Revogne
Lavenir.net :
28/02/2013 (Pierre HIGUET)
Un « petit Pompéi » sorti de terre
Le chantier de fouilles est en bord de route. Il y a
fort à parier que les passants qui frôlent les lieux ne
se doutent pas qu’une page d’histoire est ouverte sous
leur nez. Les historiens qui suivent la chose de très
près sont véritablement fous de joie.
Dans le hameau situé à proximité de Honnay, ils ont
trouvé leur bonheur et ce n’est peut-être pas fini. Les
recherches vont encore se prolonger durant quelques
semaines. Il est question d’un contre-la-montre.
Bientôt, un chantier de construction va prendre le
relais et des travaux de voirie vont également se
dérouler. Pas question de perdre une seule miette de ce
que le terrain peut livrer. Le froid et la neige ont
déjà ralenti les recherches.
Une fouille extraordinaire
Des éléments monumentaux comme des maçonneries et des
fragments d’une ruelle ont été découverts. Les 200m2
dégagés apportent un élément fondamental à la
compréhension de l’histoire. Ils sont complémentaires
des textes tels des vestiges matériels qui corroborent
ce que l’on connaissait ou supposait.
Par exemple, on a mis en évidence le rempart médiéval,
un gros mur de pierres calcaires de 1,20 m de largeur.
On savait par des textes médiévaux que la ville de
Revogne était protégée par un rempart mais également par
un fossé. On a pu repérer les deux.
Des traces d’incendie
Une partie de la ville ancienne, qui se trouvait
intra-muros, a été dévoilée. Une série de maçonneries
s’appuient contre la partie intérieure du rempart et
dessinent des petites parcelles où l’on devine des sols
incendiés.
Cela paraît banal au commun des mortels mais pour
l’historien, il s’agit d’une preuve de la démolition de
ces maisons.
Certains savent que Revogne a vécu un événement
dramatique au cours de son histoire. Chef-lieu important
au Moyen Âge, la bourgade a été touchée durement au
courant du XVe siècle. C’est probablement cette tranche
d’histoire qui a été mise à jour depuis peu.
Si les fouilles constituent déjà une belle réussite, il
faudra attendre les résultats finaux pour en connaître
véritablement l’étendue. Pour certains, on n’est pas
loin, toutes proportions gardées, de la découverte d’un
petit Pompéi.
Lavenir.net : 28/02/2013 (Pierre HIGUET)
Un véritable champ de bataille
La page mise à jour est une page sanglante de notre
histoire. Elle remonterait à 1466. L’époque d’un certain
Charles le Téméraire.
Revogne, durant le Moyen Âge, était un endroit
relativement important. Il dépendait de Dinant et donc
indirectement de la Principauté de Liège. On sait par
les textes qu’au XVe siècle, l’endroit a été durement
frappé. C’est une conséquence du conflit mené entre le
duc de Bourgogne et le roi de France. La région se
transforme en champ de bataille. Au début du XVe, le duc de Bourgogne va acquérir le
comté de Namur, le comté du Hainaut et le duché de
Brabant. Ensuite, il a des vues sur la Principauté de
Liège. Celle-ci veut rester indépendante. Il arrive à
ses fins. Dans les années 1450, le Duc de Bourgogne fait
élire un de ses neveux comme prince évêque. |
Charles le Téméraire (1433-1477) |
Les Liégeois n’acceptent pas et ne veulent pas du duc de
Bourgogne. Ils veulent garder leur indépendance. Des
conflits naissent. Des milices dinantaises se rebellent
et pillent des propriétés du duc de Bourgogne et de ses
sympathisants. Les habitants de Revogne suivent le
mouvement. Ils vont notamment assiéger et mettre à sac
le château de Lavaux-Sainte-Anne fraîchement construit.
Dans la foulée, le village est brûlé.
Toutes ces agitations ne laissent pas de marbre le duc
de Bourgogne. En 1465, il y a un premier siège de la
ville de Revogne. Apparemment, ce siège ne fait pas trop
de dégâts. Les habitants de Revogne continuent leurs
opérations contre le duc de Bourgogne.
En août 1466, c’est le mois du drame. Tout comme Dinant,
Revogne est la cible des Bourguignons Philippe le bon et
son fils, Charles le Téméraire. Le château de la ville
est démantelé complètement. Il y a eu probablement
d’autres dégâts mais c’est tout ce que les textes
conservés nous apprennent. Peut-être que d’autres textes
expliquaient mieux ce qui s’est passé à Revogne lors de
l’attaque. On pense notamment à des textes historiques
conservés aux archives de Dinant. Mais ceux-ci ont brûlé
lors de la Première Guerre.
Les fouilles effectuées en terre famennoise feraient
remonter cette tranche d’histoire à la surface. On a des
sols incendiés et peu de matériel archéologique. Les
céramiques retrouvées dateraient de cette époque, la
deuxième moitié du XVe siècle. Ceci doit encore être
confirmé par une spécialiste en céramique médiévale. Si
tout se confirme, ceci voudrait dire que l’on a sous les
yeux un cliché photographique de ce qu’était Revogne
après le passage de Charles le Téméraire. Il a détruit
le château, démantelé la muraille, brûlé le village.
Tout ça pour faire peur à ses ennemis et tuer dans l’œuf
toute résistance.
Lavenir.net : 27/02/2013 (Pierre HIGUET)
Une réserve historique
Si on sait maintenant que le site est riche en vestiges,
tout ne sera pas mis à jour. On va en laisser pour plus
tard et plus particulièrement pour les prochaines
générations. Avec l’avancement des techniques, il sera
possible de tirer d’autres informations de ce qui est
découvert.
Parce qu’une bonne partie du site est en zone Natura
2000, on peut donc rester serein. Les vestiges du passé
sont en sécurité. «On sait qu’il y a encore des
constructions médiévales dans la prairie voisine mais on
la conserve comme une réserve archéologique. Dans 20 ou
30 ans, nos successeurs auront des meilleures techniques
que nous. En utilisant les nôtres, on pourrait détruire
des pages d’histoire dans des sites qui ne sont pas
menacés pour l’instant», explique Christian Frébutte,
responsable des fouilles.
Les historiens prennent de nombreuses précautions pour
ne pas voir disparaître les vestiges de notre passé. Ils
laissent notamment des terrains vierges de toute
intervention humaine à disposition des générations
futures.
Malheureusement, des personnes malveillantes ne sont pas
animées du même sentiment. Certains, aidées par des
détecteurs à métaux, procèdent à de véritables pillages
sur les terrains de fouille. On peut redouter ce genre
d’individus à Revogne.
Pour éviter ce pillage, la population a été informée et
a été invitée à jouer le rôle de concierge. Parce qu’il
s’agit de leur passé, celle-ci a accepté de bon cœur. La
police a également été prévenue.
Lavenir.net : jeudi 21 mars 2013
Visite du chantier archéologique de
Revogne
Revogne, août 1466. La petite ville médiévale qui a osé
s’opposer au duc de Bourgogne Philippe le Bon est
assiégée et vaincue par les partisans de celui-ci.
Le château est démantelé et, faute de texte, le récit
s’arrête là. Jusqu’à cette fin d’hiver 2013.
À la suite d’un projet de permis groupés, le Service de
l’archéologie du SPW a en effet décidé de vérifier la
présence de vestiges dans une prairie, au bord de la rue
de Revogne. Au fil de la fouille sont apparues des
constructions qui s’appuient contre le rempart exhumé
sur 25 m de long. L’organisation de la vie est évoquée
par des pièces fermées et des aires ouvertes : là où
sont les traces d’un plancher calciné, là où se trouve
l’âtre d’une cheminée. Ce quartier, véritable pièce de
puzzle de Revogne, a subi un violent incendie qui n’a
rien d’accidentel, tout comme l’arasement du rempart.
Les fragments de céramiques permettent de dater cet
événement dans le courant du XVe siècle et donc
d’envisager le contexte du siège et du pillage de 1466. La lecture de cette page d’histoire est proposée lors
d’une visite du chantier archéologique le dimanche 24
mars. Trois présentations, organisées par les
archéologues du SPW, en collaboration avec la Ville de
Beauraing, sont programmées à 14 h, 15het 16 h. |
|
Sources: Articles et photos de Lavenir.net
(P.H.) Le
chantier archéologique mené à Revogne a connu de la vie
ce dimanche après-midi.
L’invitation à la visite a été reçue favorablement.
Parce que le chantier est
digne d’intérêt, la population a été invitée par
la commune à visiter le champ de fouille qui est
ouvert, depuis plusieurs mois, à Revogne. Trois
visites guidées étaient proposées. Pour
celles-ci, les visiteurs ont eu droit à un guide
de choix : le responsable du chantier
historique, M. Christian Frébutte. Avec beaucoup
de simplicité et d’enthousiasme, il a fait
parler les vestiges qui ont été mis à jour dans
le village.
On savait qu’en août 1466, le duc de Bourgogne
avait démantelé le château de Revogne. Ce qu’on
sait maintenant, c’est que les Bourguignons ont
incendié également la ville médiévale. Pour qui
sait voir, la terre en témoigne. |
|
Des résultats
La décision de mener une fouille historique n’est pas le
fruit du hasard. Les archéologues sont intervenus parce
qu’un chantier de construction va bientôt être réalisé.
Ils savent que le village a une certaine histoire. Il
était question de faire des fouilles préventives afin de
ne pas perdre des indices qui permettent de comprendre
mieux ce qui s’est passé. Dans ce cas, le service a fait
bonne pêche. Les lieux livrent des informations
historiques d’importance sur la période se situant peu
avant 1500. On peut écrire des pages d’histoire qu’on ne
connaissait pas.
Au cours du chantier, on a fait d’autres découvertes
importantes. Un âtre de cheminée retrouvé indique que
les gens de l’époque se sont servis de tuiles venant de
la période gallo-romaine. Pour l’historien, M. Frébutte,
on peut en déduire qu’il y a une habitation romaine qui
se trouve à proximité. Il y a encore du pain sur la
planche pour les historiens. Ceux-ci devraient rester
sur le site encore quelques semaines. Il este encore des
choses à apprendre.
Non, on n’a pas trouvé des pièces d’or à Revogne. Pour
rappel, la ville a été incendiée pour les Bourguignons,
Pas étonnant dès lors de ne plus trouver grand-chose.
Des pièces en céramiques intéressantes ont notamment été
sorties de terre. Un âtre a également été mis à jour. Ce
dernier a été démantelé afin d’en assurer la protection.
Les briques en terre cuite ont particulièrement
souffert. Elles ont été emmenées dans le dépôt
archéologique pour y être stabilisées.
Les Beaurinois reverront-ils un jour leurs pièces liés à
leur patrimoine. La main sur le cœur, le responsable a
indiqué que les habitants ne seraient pas oubliés. Dans
un premier temps, le résultat des fouilles va faire
l’objet d’une publication. Via le bulletin communal, on
fera également le point sur le chantier. L’archéologue a
évoqué la tenue d’une exposition qui rassemblerait tant
les pièces trouvées que les différentes informations qui
ont été apprises durant les fouilles. On verrait bien le
site revivre à l’occasion des journées du patrimoine.
Sources: Articles et photos de Lavenir.net
(Pierre HIGUET)
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© SPW,
Christian Frébutte.
© SPW, Christian Frébutte.
© SPW, Christian Frébutte.
Quelques photos prises lors de la
visite des fouilles le dimanche 24 mars 2013
(Photos: Nicolas Moline)
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Question au Ministre
du Patrimoine sur les fouilles archéologiques du hameau
de Revogne – 30 avril 2013
Publié le 30 avril 2013 par jcmaene dans Beauraing,
Parlement Wallon
Jean-Claude Maene -
Monsieur le Ministre,
À la suite d’un projet de permis groupés de 4 futures
maisons, le Service de l’archéologie du SPW a décidé de
vérifier la présence de vestiges dans une prairie à
Revogne. Les fouilles ont débuté le 8 janvier. Il était
question de faire des fouilles préventives afin de ne
pas perdre des indices qui permettent de mieux
comprendre ce qui s’est passé dans une période se
situant un peu avant 1500. Le temps rigoureux de cet
hiver et le gel n’ont pas facilité le travail de la
vingtaine d’archéologues présents sur le terrain. Au fil
des fouilles sont apparus des vestiges de constructions
qui s’appuient contre le rempart exhumé sur 25 m de
long. Des éléments monumentaux comme des maçonneries et
des fragments d’une ruelle ont été découverts mais aussi
des pièces en céramiques et un âtre. Les 200m2 dégagés
apportent un élément important à la compréhension de
l’histoire du village. Certains correspondants locaux
n’ont pas hésité à parler de « petit Pompéi ».
Pouvez-vous me dire si vous avez connaissance de ces
fouilles ? Comptez-vous faire quelque chose sur ce site
? Ces fouilles présentent-elles un intérêt réel en
comparaison avec d’autres sites en Wallonie ? Peut-on
envisager une aide de la Région Wallonne si un projet
pour ce site devait émerger ? Je vous remercie.
Carlo Di Antonio, Ministre du Patrimoine -
L’opération archéologique préventive à Revogne s’inscrit
dans les missions quotidiennes de la Direction de
l’archéologie. Elle visait à à vérifier la présence de
vestiges et le cas échéant à enregistrer ces éléments
avant leur destruction par l’aménageur.
La pertinence de l’intervention qui se fonde sur
l’histoire de cette ancienne ville médiévale a été
démontrée par les vestiges découverts.
Afin de faire bénéficier la
population locale de ces découvertes, le Service
Public de Wallonie, en collaboration avec la
Ville de Beauraing, a organisé 4 visites du
chantier le dimanche 24 mars 2013. Malgré la
rigueur hivernale, pas moins de 170 personnes
ont participé à cet évènement. En collaboration
avec l’archéologue responsable de la fouille,
l’école de Honnay a utilisé les premiers
résultats archéologiques dans le cadre d’un
travail sur l’histoire de Revogne, travail qui
se conclura par une exposition le vendredi 3 mai
2013 au sein de l’établissement scolaire. |
|
Les données archéologiques enregistrées présentent un
apport majeur à la connaissance de la prévôté médiévale
de Revogne qui était propriété de la Principauté de
Liège et qui a joué un rôle géopolitique important en
Famenne. Elles alimenteront également une série de
problématiques scientifiques relatives à la catégorie
des petites villes médiévales.
Au vu de la valeur patrimoniale de Revogne, devenu
aujourd’hui un hameau, il serait regrettable de voir
détruire ces traces matérielles d’un riche passé. Cela
serait d’autant plus navrant que ces vestiges se situent
à une entrée du village, soit à un endroit particulier
en terme d’appréhension visuelle. Signalons que Revogne
conserve plusieurs biens classés comme Monument : la
porte fortifiée médiévale dite de Lomprez et la chapelle
de Saint-Etienne; et comme Site, les ruines de l’ancien
château et ses abords.
Notons que les vestiges mis au jour se concentrent dans
un seul des 4 lots destinés à être vendus, soit le lot
de l’extrémité sud-est. Au cas où cette partie était
acquise par un pouvoir public, il conviendra de toute
façon de recouvrir les vestiges et de considérer cette
zone comme une réserve archéologique au sens du décret
de la Région Wallonne du 10 avril 2003 qui ratifie la
Convention européenne pour la protection du patrimoine
archéologique de Lavalette. Un aménagement superficiel
spécifique avec marquage au sol de certains murs, à
l’exemple de rempart, pourrait apporter une plus value
en terme pédagogique et touristique.
En mai prochain, la Direction de l’archéologie du SPW
surveillera le réaménagement des voiries du village par
l’INASEP et, au mois de septembre, une fouille
complémentaire sera opérée dans un talus mitoyen à la
parcelle déjà étudiée et qui est propriété de la Ville
de Beauraing. Des visites au public seront proposées
lors des Journées du Patrimoine. Une exposition est
d’ores et déjà envisagée pour la fin de l’année afin de
présenter un premier bilan de l’ensemble de ces travaux
et les objets mis au jour.
A l’avenir, l’attention de la Direction de l’archéologie
se poursuivra au gré des permis de bâtir à venir.
Mais à ce stade, il n’est envisagé ni de poursuivre une
fouille programme systématique, ni d’établir un réel
projet d’aménagement de ces vestiges. Les moyens actuels
mis à disposition du Département du Patrimoine, tant en
ressources humaines qu’en termes budgétaires, nous
conduisent à être circonspects face à ce genre de
situation pour lesquelles le principe de prudence est de
mise.
La réfection de la route de Revogne.
Les raisons qui ont fait que ce chantier de réfection de
la route a demandé plus de temps que prévu ne manquent
pas. La nature du sous-sol n’est pas étrangère à cette
situation. Se trouvant en zone Calestienne, le sous-sol
est dur à souhait. Dès lors, quand on effectue des
travaux liés à l’égouttage et à la distribution d’eau,
cela se corse.
Ce temps ajouté doit permettre à l’Inasep (Service des
eaux) de réaliser le raccordement en eau et remplacer
ainsi les anciennes conduites en plomb par du
polyéthylène. La conduite principale a été vérifiée et
remplacée par mesure de prévention au sein du carrefour
où elle est le plus sollicitée par les charrois.
Lors des travaux, il est également apparu qu’un câble de
téléphone se trouvait à une profondeur insuffisante.
Cette situation devait être corrigée. C’était le moment
rêvé de réaliser le travail.
Afin d’assurer la sécurité de la route qui traverse le
village de Revogne, une pose de trois 3 casses vitesse
intégrés dans la route aux entrées du village a été
programmée.
Des trouvailles
S’il prend plus de temps, le chantier a réjoui des
personnes. Il a pu mettre à jour des pièces qui ne
manquent pas d’intérêt pour les amoureux d’histoire
locale. On a retrouvé l’emplacement d’une ancienne porte
qui donnait accès au village au Moyen Âge.
Si la porte ne va pas être reconstituée, pour rappeler
la découverte, deux dalles de pierre gravées seront
incrustées dans le tarmac à l emplacement des pilastres
de la porte des remparts.
Le dossier de réfection de la rue de Revogne n’est pas
un petit chantier. Adjugée à la firme Colleaux, la
facture s’élève à 599 517,54€. Un subside de 372 980€ a
été octroyé. Au départ, avant l’ajout d’un délai
supplémentaire de 20 jours ouvrables, le chantier était
prévu sur 100 jours ouvrables.
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